L’Éducation Nationale a résolu le problème : pour réduire les lacunes, on évite d’en apprendre trop. Imparable.
Comme l’a très bien montré Ingrid Riocreux, certains journalistes n’ont pas hésité, tout en se muant en spécialistes auto-proclamés de l’enseignement du français, à reprocher à ceux qui s’indignaient de l’apparition du prédicat de s’attacher à un détail. On pourrait inversement se demander si d’autres ne se sont pas servis du prédicat pour faire oublier tout le reste. Tout comme on a accusé les pourfendeurs de la réforme d’être réfractaires à tout changement, dans le seul but d’éviter le débat. Pour ne jamais remettre en cause les réformes de l’école, on taxe désormais d’« antipédagogisme ».
Si le prédicat a depuis plusieurs semaines polarisé le débat dans les médias, on est en droit de se demander si, dans les nouveaux programmes de français du cycle 3 (du CM1 à la sixième), le plus aberrant n’est pas l’abandon d’une immense partie du programme au motif que « c’est trop compliqué ».
Jugez plutôt : L’étude de l’impératif et du passé composé relégués en cinquième (alors même qu’il doit être abordé lors de l’accord du participe passé, c’est-à dire en CM1), le passé simple réservé à la 3ème personne du singulier, disparition des sous-catégories des déterminants et des pronoms, sans même parler des types et formes de phrases, du plus que parfait, du futur antérieur, du conditionnel et enfin des fameux compléments.
-- Samuel Piquet in Causeur.fr - 23 Février 2017